Cet article a pour origine le 2ème volet de la trilogie de 2004 présenté au Récif du vendredi de Courbevoie (cf. les musts sur ce site); il a été enrichi et actualisé par nos soins sans compter les commentaires de notre mascotte « RID’AIL ».
Suite de
1- QU'EST-CE QU'UN HIPPOCAMPE ?
4- LES MOEURS DES HIPPOCAMPES
2- UNE MAINTENANCE RESPONSABLE
Si l'on se procure des animaux pour avoir le plaisir de les voir chez soi, c’est un devoir moral d’assurer leur bien-être.
Il faut d’abord savoir que parmi les poissons il y a peu de bons compagnons pour les hippocampes : ou les poissons sont trop rapides et les affament, ou ils sont lents mais se nourrissent comme eux et contribuent à épuiser la micro faune de l’aquarium.
Il est donc dangereux d’ajouter des hippocampes à un aquarium existant, conçu pour d’autres animaux. Il faut donc le créer pour eux, et uniquement pour eux.
1- COMPRENDRE L’AQUARIOPHILIE RÉCIFALE
Vous avez décidé de tenter l’aventure et d’avoir des hippocampes, mais vous n’avez jamais eu d’aquarium d’eau de mer.
Voici les références de 2 livres dont la lecture vous donnera les connaissances de base requises avant toute installation d'un aquarium d'eau de mer : - Le guide de l'aquarium marin tropical de N Dakin édité chez Delachaux et Niestlé dans la collection "Les guides pratiques du naturaliste" : à lire en premier car très clair. - l'aquarium marin de Werner Baumeister édité chez Ulmer : un peu plus complexe car moins clairement structuré.
Vous pouvez aussi vous adresser à une association loi de 1901 (sans but lucratif) comme Récif France, fondée en 1995. Sa mission essentielle est « d’informer, sensibiliser, documenter et former sur le thème de l’aquariophilie marine et récifale ». Cela complète bien les missions de Planète Hippocampe, centrées sur les seuls hippocampes et leurs besoins très particuliers. Se lancer dans l’aventure de la création d’un aquarium d’hippocampes requiert des notions de base, des connaissances élémentaires que l’on peut obtenir rapidement sur le site de cette association ; l’article en question s’appelle “Bien débuter avec un aquarium marin” .
Quand vous l’aurez lu, vous aurez une meilleure connaissance des difficultés à apprivoiser. Si vous n’avez pas abandonné après cette lecture, vous pourrez alors vous renseigner sur les particularités de la maintenance des hippocampes.
2- L'AQUARIUM SPECIAL HIPPOCAMPES
Si l’on consulte livres, magasines et sites Internet, on s’aperçoit qu’il y a autant de solutions que de personnes.
Certains recommandent même un aquarium totalement aseptisé comme une salle d’hôpital, au sol nu pour le nettoyer plus facilement, à l’eau traitée en permanence aux U.V., avec quelques points d’attache en plastique.
Mais un aquarium est avant tout un lieu de vie. Nous devons assurer le confort physique et psychologique de nos hôtes, qui sont des êtres vivants, et non des objets de décoration.
LA CLEF : COMPRENDRE SON HÔTE
Il s’agit de créer un microcosme qui convienne aux hippocampes.
La meilleure solution est de partir non pas de préjugés mais du réel style de vie des hippocampes :
Après sa période planctonique le petit hippocampe qui a survécu, 1 sur 1000, va commencer sa nouvelle vie au fond de la mer. Il cherche alors un territoire de chasse libre.
Il s’installera dans une zone giboyeuse sans trop de concurrence alimentaire, où il pourra bien s’accrocher tout en ne s’exposant pas trop aux prédateurs ; ce pourra être une forêt d’algues, de phanérogames ou de gorgones, voire un paysage d’éponges ou de coraux où les courants ne seront pas violents.
Il s’agit dans nos aquariums de respecter ces choix et de dupliquer partiellement ou totalement une de ces zones de vie qu’il aurait choisie sans oublier que l’hippocampe n’est pas sectaire. Des caddies de super-marché jetés dans la baie de Sidney ont ainsi été adoptés par la population d’hippocampes, comme autant d’épaves très utiles pour s’accrocher. On sait être moderne dans ce petit monde.
Là, dans un univers désiré, rêvé, donc reposant, il pourra s’adonner à sa distraction favorite, chercher, fureter et farfouiller, avec à la clef une dégustation de petits crustacés. Ainsi, il aura une vie excitante, et ne mourra pas d’ennui dans un univers factice sans distractions où des repas sont servis à des horaires tristement réguliers.
Ce microcosme équilibré, cette qualité de vie, l’aquarium naturel peut l’offrir aux hippocampes, tout comme un aquarium évolutif plus simple à installer, plus artificiel mais qui emprunte son matériel de base à l’aquarium naturel en respectant ses règles.
DEUX SOLUTIONS : L'AQUARIUM NATUREL ET L'AQUARIUM EVOLUTIF
L'aquarium naturel est réservé à l’aquariophile expérimenté et l'aquarium évolutif constitue le premier pas en aquarium pour hippocampes ; cela permet à l’aquariophile débutant de commencer dans de bonnes conditions, puis d'évoluer et d'améliorer son aquarium petit à petit en suivant son propre rythme.
L’aquarium évolutif est en fait la base sur laquelle se construira l’aquarium naturel pour hippocampes; c'est-à-dire la partie indispensable et commune aux deux systèmes.
L'Aquarium évolutif
Les 6 éléments indispensables, base des 2 types d'aquarium
Une cuve
Elle sera en verre sans couvercle ( pour assurer l’oxygénation et permettre une maintenance facile ). Sa hauteur sera de 3 fois la hauteur d’un grand adulte, c’est-à-dire de 15 à 17 cm X 3 = 45 à 51 cm, plus l’épaisseur d’une éventuelle couche de sable, 15 cm par exemple, soit au total de 60 à 66 cm. Cette hauteur permettra aux hippocampes de s’accoupler sans la moindre difficulté. Et les interventions au fond de l'aquarium seront facilement réalisables.
Un renfort en verre pourra être installé tout le long des parois, sauf au dessus de la surverse à l’arrière ou de l'emplacement réservé au filtre externe; cela permettra là encore un accès facile à cet élément.
Cette cuve sera posée sur un meuble adapté, parfaitement plat et solide.
La cuve et le meuble peuvent être faits sur mesure par un professionnel ou achetés en prêt à installer.
Un système de filtration
Sans décante, on doit utiliser un filtre mécanique interne ou externe accroché à l’arrière de l’aquarium. L’eau aspirée par le système est obligée de passer au travers d'une ou plusieurs éponges et y dépose des déchets ; une fois que les bactéries y sont installées, le filtre devient biologique. On nettoiera une seule éponge par semaine pour conserver toujours un nombre satisfaisant de bactéries.
Les éponges sont préférables aux autres matériaux filtreurs car elles servent d’abris à de petits crustacés, des gammares que l’on peut ainsi récolter très facilement, pour assurer un élevage et/ou les donner aussitôt aux hippocampes qui en sont friands.
Un écumeur
Un écumeur reproduit le phénomène naturel de l’écume qui est extraite de l’eau en abondance sur le récif et envoyée sur la terre ferme.
On choisira le modèle le plus simple possible. Cet appareil a une double action : il retire de l’eau des bactéries et leur nourriture principale, des nutriments dissous ; il limite ainsi la population des bactéries pathogènes composée essentiellement de vibrions. Un liquide noirâtre est ainsi retiré d’une eau limpide à nos yeux.
Une lampe à Ultra Violet est moins utile car elle se contente de détruire des bactéries de l’eau sans attaquer toute leur réserve alimentaire. Les vibrions gardent donc tout leur potentiel de développement. Ils se reproduisent par scissiparité, c'est-à-dire par division, et ce beaucoup plus vite que les autres bactéries, à condition de trouver une nourriture suffisante. Chez des éleveurs professionnels, des populations d’hippocampes ont été décimées par des épidémies de vibriose dans des aquariums bien équipés en lampes à U.V...
Un chauffage
Un thermoplongeur réglable est installé pour que la température de l'eau ne tombe pas en dessous du seuil minimal accepté par l'espèce des hippocampes qui vivent dans l'aquarium. Le stress causé par des variations journalières supérieures à 3 degrés, ou une température trop basse ou trop haute, peut affaiblir les hippocampes; ils peuvent alors attraper diverses maladies.
Des ventilateurs et/ou un groupe froid
En fonction de la température de l’air atteinte dans votre appartement pendant l’été, une rampe de mini-ventilateurs associée à un contrôleur de température, permet de refroidir l’eau de l’aquarium. Le système agit de 2 façons : il enlève l’air chauffé par la rampe d’éclairage et il provoque une évaporation de l’eau qui refroidit tout l’aquarium.
La température idéale pour les hippocampes d'espèces tropicales que l'on peut se procurer en France va de 21 à 23°; il ne faut jamais dépasser 25° ! N’oublions pas aussi que les hippocampes supportent beaucoup mieux les basses températures que les hautes, les variations douces plutôt que les variations brutales.
Un groupe froid, plus cher à l’achat et en fonctionnement devra être acheté si la pièce où est installé l’aquarium est trop chaude. En France on ne trouve pas le système américain le plus pratique, composé d’un appareil externe muni d’un « thermo-plongeur de froid » à plonger dans l'aquarium. On trouve des systèmes externes qui pompent l'eau, la refroidissent et la rejettent dans l'aquarium; tout cela en continu.
Un système d'éclairage
On associera deux tubes fluorescents T8 bleu à deux HQI de 150 watts éloignés de la surface ou on utilisera un luminaire composé de quatre tubes fluorescents T5, deux bleu, deux blanc, pour donner une lumière non violente qui permettra aux algues et gorgones de bien pousser. Les tubes bleus qui s’allument en premier et s’éteignent en dernier permettent d’assurer des périodes de pénombre au lever et au coucher du soleil : les hippocampes aiment beaucoup ces périodes ; les mâles les plus réservés sont rassurés et viennent danser devant la vitre de l’aquarium.
Les photos précédentes montrent différents types d'aquariums, évolutifs et naturels, de tailles différentes. On y voit des hippocampes à différents âges de leur vie. La question du volume de la cuve elle-même, volume nécessaire pour assurer un confort maximum aux hippocampes, vient alors à l'esprit : Pour un seul couple d'adultes de 12 à 15 cm il faut un minimum de 120 litres, pour chaque couple d'adultes supplémentaire ajouter 60 litres.
Trois autres « outils » sont très utiles
Le premier est un osmoseur :
Cet appareil n’est pas obligatoire : on peut acheter régulièrement cette eau au détail chez un animalier, mais cela n’est pas très pratique.
L’osmoseur est un appareil qui filtre l’eau par osmose inverse. Ce procédé de traitement est purement physique et ne consomme pas d’énergie. Il produit une eau quasiment pure, débarrassée ainsi du chlore, des nitrates, phosphates et autres produits chimiques.
L’eau passe en fait à travers 3 filtres contenus dans des cartouches :
- Le premier, un filtre à sédiments, élimine les plus grosses impuretés et a un rôle de protecteur de ma membrane osmotique ; il se change tous les 6mois/1 an selon l’utilisation faite. - Le deuxième, un filtre à charbon actif retient le plus gros des produits chimiques ; il se change aussi tous les 6mois/1 an selon l’utilisation faite. - Le troisième filtre est en fait une membrane osmotique. C’est le cœur du système : 1/3 de l’eau traverse, sous la pression donnée par le réseau d’eau potable, cette membrane qui est extrêmement fine, le reste est rejeté. On parle d’osmose inverse car on produit une réaction inverse de celle de l’osmose ; celle-ci est le phénomène physique de transfert d’eau de minéralité différente, de la plus chargée à la plus légère, qui établit un équilibre entre les deux.
Deux tuyaux sortent donc de l’appareil, un pour l’eau sale à jeter, l’autre pour l’eau propre à recueillir. L’ensemble se branche sur le réseau d’eau froide sur une sortie de type robinet de cuisine ou de machine à laver. Attention les dimensions sont différentes et un adaptateur peut s’avérer indispensable. L’idéal est d’avoir un robinet libre pour installer l’appareil et le laisser en place. En effet la cartouche de la membrane doit rester verticale. L’appareil doit être utilisé au minimum une fois par mois pour ne pas s’abîmer.
Cette eau est pure à 98/99%; cela est bénéfique si l’on songe aux produits chimiques contenus par notre eau potable mais négatif si l’on songe au fait qu’elle ne contient plus de sels minéraux ni d’oligo éléments. Elle sera parfaite pour préparer café ou thé ou pour mettre dans votre fer à vapeur. Par contre il faudra reminéraliser l’eau de la réserve et monter sa dureté carbonatée, en ajoutant des additifs en fonction des résultats des analyses à faire régulièrement, Ca, KH et pH.
Le deuxième est un seau :
En effet, des changements d’eau partiels doivent avoir lieu régulièrement, car la filtration par les algues et la consommation normale de divers éléments présents dans l'eau par tous les hôtes de l'aquarium appauvrissent le milieu.
Le troisième est un aquarium de quarantaine :
Il sera obligatoirement utilisé pour tout nouvel arrivant ou pour isoler et soigner un malade.
L’aquarium pour hippocampes est un système qui doit rester simple et respecter le plus possible les besoins de ses hôtes.
Il utilisera donc le minimum possible de machines humaines et sera adapté à son hôte principal.
Deux règles devront être respectées
La première est de bien gérer l'espace dans l'aquarium :
Il faut donner aux hippocampes la possibilité de choisir entre :
- La lumière et l'ombre : on installera des ponts et des grottes bien ouvertes faites de roches vivantes.
- Des cachettes et des zones découvertes : les hippocampes doivent pouvoir se cacher et, à l’opposé, effectuer leur parade amoureuse dans un espace libre en longueur, largeur et surtout hauteur ; ils doivent ainsi avoir 3 fois leur hauteur d’eau pour s’accoupler facilement ; cet espace libre est conçu comme une arène, un théâtre situé face à la vitre de l’aquarium : vous serez le spectateur de la vie amoureuse de vos hippocampes.
- Un courant petit et un courant très faible : on veillera à ce qu’il n’y ait ni zone à courant trop fort ni zone d’eau stagnante ; les pompes de brassage sont à priori interdites car trop puissantes.
- Des points de fixation au sol ou en hauteur et des espaces libres : les hippocampes ne sont pas difficiles; une gorgone ou un poteau plastique ( si si ils aiment ) leur conviendra car cela leur permet de dormir tranquille loin d’animaux importuns comme des vers ou des crabes.
La deuxième est de bien observer ses hippocampes :
Observer les habitants de son aquarium est en effet plus important que lire des cadrans digitaux, même si l’un n’empêche pas l’autre.
Ainsi, nourrir ses hippocampes avec une pince (nourrissage ciblé) permet de voir et examiner chacun, de fournir la nourriture appropriée et de constater leur état de santé.
(A suivre)...
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